Le Cercle artistique de Sant Lluc est une association d’artistes fondée en 1893, à l’époque de splendeur maximale du Modernisme et où, aujourd’hui encore, la pratique artistique et l’échange d’idées restent en vigueur.
Antoni Gaudí, les frères Joan et Josep Llimona, Alexandre de Riquer et Enric Sagnier furent parmi les protagonistes de cette association pendant son étape moderniste. Pendant son apogée, elle occupa les locaux de la rue Boters et ensuite la Casa Martí de Puig i Cadafalch, où se trouve la célèbre brasserie Els 4 Gats.
Née dans un esprit polémique envers les artistes bohèmes les plus individualistes et politiquement rupturistes, elle représente l’aile la plus modérée et à la fois la plus engagée du Modernisme. Ses membres les plus remarquables adoptèrent les nouveaux langages d’avant-garde et les influences étrangères les plus modernes, tout en revendiquant une volonté d’enracinement dans la tradition du pays et un engagement fort pour asseoir les bases de la Catalogne de l’avenir. En ce sens, Sant Lluc est fondamentale pour expliquer la complexité et la variété des manières de comprendre l’art que l’on peut inclure dans le concept de Modernisme.
De plus, Sant Lluc est un exemple de la tension vers l’art total propre du Modernisme, puisque cette association réunit des architectes déjà mentionnés tels Gaudí et Sagnier, mais aussi Josep Puig i Cadafalch, des sculpteurs comme Josep Llimona, Miquel Blay et Eusebi Arnau, des peintres comme Joan Llimona et Sebastià Junyent, des ébénistes comme Gaspar Homar, des joaillers comme les Masriera, des verriers comme Rigalt, et des céramistes comme les Serra, pour n’en mentionner que les meilleurs.
Le patrimoine de l’association, diminué par les changements de siège et la Guerre Civile, présente aujourd’hui des œuvres emblématiques de ses fondateurs, comme l’étendard dessiné par Alexandre de Riquer -véritable bijou de broderie- l’affiche du même Riquer pour la IVe exposition collective de membres ou la grande peinture à l’huile de Joan Llimona Femme mouillant son pied. De plus, Sant Lluc abrite une très riche collection de revues modernistes du monde entier, comme Le Japon artistique, Jugend, The Studio et les revues espagnoles Hispania et Pèl&Ploma;.